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Palimpseste
articles et lettres de lecteur
de François Brutsch

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Une proposition pour établir une véritable égalité des chances devant la vie active. Article paru dans DP.
Pour un crédit formation individuel
2 mars 2001
L'école garantit l'égalité des chances jusqu'à 16 ans. Après l'argent public va aux milieux favorisés, et que les autres se débrouillent!

Tessin, Vaud, Genève... Le débat politique sur l'éducation se concentre le plus souvent sur la phase initiale: approche pédagogique, sélection, école privée, HES, démocratisation des études... En même temps, les périodes de crise ont rendu sensible l'évolution de l'économie: on n'occupe plus la même position tout au long de sa vie, porté par sa formation. Il est dès lors impératif d'encourager la possibilité de se réorienter, de se perfectionner, d'apprendre à nouveau; Genève vient ainsi d'ajouter un "chèque annuel de formation" de 750 francs à son dispositif d'allocations d'études et d'apprentissage.

Cela reste symbolique. Les milieux politiques, les médias sont composés pour l'immense majorité de personnes qui ont suivi un cursus scolaire, voire universitaire. Peu ont quitté l'école à la fin de la scolarité obligatoire pour entrer en apprentissage et recevoir, peu d'années plus tard, un diplôme intitulé certificat fédéral de capacité. Et ils ne savent pas ce qui se passe ensuite: les formations ultérieures – spécialisations ou promotions – sont tributaires d'efforts personnels et financiers considérables. Des cours et des examens aux quatre coins de la Suisse, des heures perdues qu'il faut souvent compenser, et des milliers de francs à payer aux organisations professionnelles ou aux institutions qui gèrent cours et examens. Le cours et l'examen de cafetier coûte à Genève 5400 francs. Mais il y a rituellement des avocats frais émoulus pour s'indigner des 800 francs que leur coûte le brevet après leur licence universitaire.

Au lieu de compenser l'inégalité sociale, l'argent public mis dans l'éducation la reproduit: l'Etat dépense plus pour les personnes issues des milieux favorisés qui suivent des formations longues, universitaires (et qui auront accès aux meilleurs jobs, aux meilleurs salaires, et pourront évoluer par la suite) que pour celles qui, issues rarement pour ne pas dire jamais des milieux favorisés, quittent rapidement l'école publique et reçoivent des formations courtes, frappées d'obsolescence, qui les destinent à des salaires qui plafonnent rapidement.

Pour compenser cette inégalité des chances devant la vie active, les procédures d'allocations qui parfois existent et sont méconnues ne suffisent pas. C'est un véritable crédit (ou capital) individuel de formation égal pour tous qui devrait être attribué à la fin de la scolarité obligatoire: rapidement épuisé par celles et ceux qui bénéficient d'une formation longue, il permettrait aux autres, plus tard, de disposer des moyens de se former, de se réorienter, à leur rythme – et pas seulement en passant sous les fourches caudines de l'assistance en cas de perte d'emploi.

 

 


Dernière mise à jour: 10.01.2002
François Brutsch - Genève - Suisse